Menu Fermer

Amour romantique, parental, amical, envers son animal : lequel est le plus fort pour notre cerveau ?

Article de Sciences et Avenir

Par Nicolas Gutierrez C. le 

 

Une étude finlandaise a décrit avec précision comment le cerveau est activé par six types d’amour différents, dont l’amour de son conjoint, de ses enfants et de son animal de compagnie.

L’amour implique l’activation (en rouge) et la déactivation (en bleu) de plusieurs régions du cerveau.

L’amour implique l’activation (en rouge) et la déactivation (en bleu) de plusieurs régions du cerveau.

L’amour que l’on ressent pour son conjoint, ses enfants ou son chien est-il le même ? Cela dépend… Plusieurs études avaient déjà tenté d’imager l’activité cérébrale du cerveau lorsque l’on pense à la personne qu’on aime, montrant que l’amour active et désactive plusieurs zones du cerveau, créant une signature neuronale assez précise.

Une nouvelle étude, réalisée à l’Université Aalto en Finlande, a cherché à comparer cette signature d’activité cérébrale entre différents types d’amour, notamment l’amour romantique, l’amour parental, l’amour amical, l’amour pour ses voisins, l’amour pour la nature et l’amour pour les animaux.

 

Les résultats, publiés le 26 août 2024 dans la revue  Cerebral Cortex, mettent en évidence que toutes les relations affectives entre personnes, y compris avec des inconnus, activent et désactivent les mêmes zones du cerveau, à des intensités différentes. En revanche, l’amour pour la nature et pour les animaux a une signature différente… sauf chez les personnes qui ont des animaux de compagnie.

Comment l’amour se lit dans le cerveau

Les chercheurs ont observé l’activité cérébrale de 55 adultes (dont 29 femmes) âgés de 28 à 53 ans. Tous les participants avaient en commun d’être en couple et d’avoir au moins un enfant. Leur activité cérébrale était mesurée par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) alors qu’ils écoutaient des phrases décrivant des situations banales, mais qui devaient éveiller leur affection pour leurs proches. Par exemple, l’une des phrases était : “Votre enfant court vers vous en riant dans une prairie ensoleillée. Vous souriez ensemble et les rayons de soleil font briller son visage. Vous ressentez de l’amour pour votre enfant.”

D’autres phrases étaient censées éveiller des sentiments d’affection pour ses amis, ses voisins, la nature et son animal de compagnie. Et d’autres étaient complètement neutres, racontant une situation qui n’avait aucun rapport avec aucune de ces formes d’amour, afin d’identifier l’activité cérébrale due au fait d’écouter et comprendre une phrase et d’élucider l’activité spécifique aux sentiments d’amour. Après avoir écouté la phrase, les participants devaient essayer d’y penser encore, en se focalisant sur l’émotion qu’ils ressentaient, dans le but d’observer plus précisément l’activité cérébrale réellement spécifique à l’émotion.

Par rapport aux phrases neutres, celles sur l’amour éveillaient davantage de régions du cerveau, et en éteignaient d’autres. Les différences les plus fortes étaient dans des zones liées au système de récompense (notamment le cortex préfrontal et orbitofrontal ainsi que le gyrus cingulaire). Cette activité avait la même signature durant l’étape d’écoute et celle qui s’ensuivait (quand les participants devaient y penser), montrant qu’elle est vraiment induite par l’émotion ressentie.

Il est possible de repérer ceux qui ont des animaux de compagnie en observant leur cerveau

Tous les types d’amour pour d’autres personnes éveillaient les mêmes zones du cerveau. Mais l’amour parental le faisait avec plus d’intensité que tous les autres, en activant davantage le striatum, sous le cortex (lié à la motivation) et son voisin, le thalamus (lié à la conscience et la vigilance).

Sans trop grande surprise, l’amour le moins intense était celui pour ses voisins, pour la nature et pour les animaux. En plus, ces deux derniers n’activaient pas les mêmes zones que l’amour pour des personnes. Sauf chez les participants qui avaient des animaux de compagnie (environ la moitié des participants) ! Chez eux, certaines des zones caractéristiques de l’amour pour des personnes s’activaient aussi, telles que le gyrus cingulaire. Ainsi, il est possible de distinguer les personnes qui ont des animaux de compagnie de celles qui n’en ont pas seulement en regardant leur activité cérébrale.

The image represents how different types of love light up different regions of the brain. Photo: Pärttyli Rinne et al, Aalto.

Les zones cérébrales activées par les différents types d’amour (romantique, parental, amical, envers un étranger, un animal, la nature). Crédits : Pärttyli Rinne et al 2024, Aalto University.

Lire aussiLes chats possèdent 276 expressions faciales différentes !

Ces résultats confirmeraient donc que les humains peuvent créer des relations d’attachement pour leurs animaux similaires à ceux qu’ils pourraient avoir avec d’autres personnes. Cependant, les auteurs préviennent que leurs résultats ne sont pas forcément applicables de façon universelle, car l’amour n’est pas seulement biologique, mais a aussi une composante culturelle importante. Ces signatures neuronales pourraient donc être différentes dans d’autres régions du monde (l’étude a été réalisée en Finlande), notamment l’amour pour les animaux.